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Dorian Grégoire, interne en anesthésie et humanitaire

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Dorian est interne en anesthésie-réanimation. Passionné par la transversalité et la technicité de sa spécialité, il a pu, tout en étant interne, faire de l’humanitaire. Il explique à remede.org son parcours et son séjour en Afrique.

Peux-tu te présenter ?
J’ai 26 ans, je suis originaire de la périphérie lyonnaise. Je suis interne en anesthésie réanimation, actuellement en huitième semestre, ce qui coïncide avec la fin de la phase d’approfondissement de ma spécialité, l’arrivée de la thèse à grands pas et le statut de docteur junior qui y fait suite.

Pourquoi avoir choisi l’anesth-réa ?
J’ai choisi l’AR pour sa polyvalence, sa transversalité. J’ai longuement hésité avec les maladies infectieuses pour les mêmes arguments. La réanimation est connue pour sa diversité de prises en charge et sa nécessité de réflexion. C’est très stimulant de passer de la réanimation de polytraumatisés, de greffés cardiaques, en passant par des urgences hématologiques ou des réanimations pédiatriques. L’anesthésie est méconnue dans le monde médical, car la discipline est peu accessible au cours de la formation initiale. L’autonomie y est forte, dans des situations fréquentes de déchocage et l’activité d’urgence est très variée, qu’elle soit orthopédique, obstétrique ou encore pédiatrique. Pour illustrer l’attrait pour la spécialité, je ne connais aucun droit aux remords dans ma discipline même si la légende raconte qu’ils existent.

Comment se passe ton internat ?
Dans l’ensemble, il s’est super bien passé. Je suis toujours stimulé par la curiosité intellectuelle après toutes ces années, ça montre que j’ai fait le bon choix. Ma qualité de vie a toujours été respectée, ainsi que les repos de gardes. Les journées universitaires commencent à être mises en place, même si ce n’est qu’un début.
J’ai rencontré peu de difficultés, il y a tout de même quelques stages avec une charge de travail conséquente (>35 gardes par semestre), surtout quand des trajets s’ajoutent en repos de garde. Le challenge est aussi de réussir à synchroniser sa vie personnelle aux nombreux impératifs professionnel. Ma copine et ma sœur sont dans le cursus médical aussi, donc on comprend aisément nos situations.

Tu es parti en mission humanitaire, comment as-tu eu cette opportunité ?

Je suis parti en mission humanitaire au Bénin, grâce à l’association Les Enfants du Noma. C’est une association qui effectue des missions de chirurgies pédiatriques maxillo-faciales ou orthopédiques dans différents pays en difficulté. J’ai connu cette association lors de mon externat, car un anesthésiste de mon CHU en était membre actif. J’ai toujours eu pour projet de développer mes compétences, afin de les utiliser pour avoir un impact positif au bénéfice du maximum de gens.

Une fois interne, j’ai recontacté l’association qui m’a informé de la nécessité d’avoir effectué un stage de 6 mois d’anesthésie pédiatrique. Par chance, en fin de stage d’anesthésie pédiatrique, un désistement au dernier moment sur une mission déjà bouclée m’a permis de bénéficier d’une place. J’ai donc dû boucler à court terme le financement de mon départ auprès de l’association qui ne finance que la partie opérationnelle. J’ai pu voir à cette occasion l’impact positif que pouvaient avoir les réseaux sociaux. J’ai rassemblé l’ensemble des dons nécessaires en trois semaines, à moitié personnellement et auprès de mon entourage, et à moitié grâce aux réseaux sociaux.

Peux-tu décrire la mission ?
La mission durait quinze jours. Le premier jour nous avons organisé le bloc opératoire avec tout ce que nous avions apporté sur place. Un total de 500 kg de matériel médical et chirurgical dans 20 valises, ainsi qu’un container rempli.
Le second jour nous avons effectué en 7 heures, 110 consultations anesthésiques et 110 consultations chirurgicales. Nous ne disposons pas sur place de la possibilité d’effectuer de bilan pré-opératoire ou d’examens complémentaires. Le sens clinique prend donc toute son importance. L’objectif étant de poser les indications chirurgicales, de recherche des contre-indications anesthésiques et de prévoir une stratégie anesthésique.

Nous avons effectué dix jours de chirurgie. Nous disposions de deux tables opératoires dans une même pièce, climatisée. Nous avons opéré en continu de 8 h du matin à 22 h le soir sur les deux tables. Le réveil était adjacent à ces deux salles. Les professionnels de santé sur place étaient impliqués et permettaient un transfert de compétence. Nous étions trois chirurgiens, dont un senior, trois IBODE, trois anesthésistes, dont deux seniors, une IADE.

Enfin, le dernier jour, nous avons rangé tout le matériel non consommable pour la prochaine mission. Les consommables ont été donnés au centre de soins sur place.

Quel a été ton rôle en tant qu’interne d’anesth-réa ?
Mon rôle était le même que tout le monde dans les tâches organisationnelles. Dans la prise en charge anesthésique, nous travaillons en binôme. Il y avait un senior par table opératoire. À 4, nous devions endormir les enfants sur chacune des tables, effectuer l’anesthésie loco-régionale, monitorer l’anesthésie pendant l’intervention, puis assurer le réveil dans la salle adjacente pendant que le suivant était installé. Nous avons opéré huit ou neuf enfants par jour en moyenne. C’est un rythme intense, mais la demande de soins est extrêmement importante et les chirurgies ont un impact majeur.

En tant qu’interne, je me référais aux seniors, j’étais autonomisé dans les tâches maîtrisées. J’ai effectué plus de cinquante anesthésies loco-régionales au total, notamment des techniques peu utilisées en France, mais très adaptées à ces cas particuliers comme l’anesthésie caudale.

Notre chef de mission était une des anesthésistes seniors et effectuait des missions depuis plus de vingt ans avec une activité pédiatrique exclusive depuis son internat. Les échanges étaient très riches.

Quel a été le plus beau moment ? Le plus difficile ?
Le plus beau moment était le dernier jour lorsque nous avons visité tous les enfants opérés depuis le début de la mission. Ils arboraient un sourire et transmettaient une joie de vivre indescriptible. Leur reconnaissance était très touchante.
Il n’y a pas de moment difficile qui sorte du lot. La difficulté résidait dans la gestion de la fatigue. Le programme était lourd, les journées intenses. Nous programmions les chirurgies le soir après la fin du bloc, après manger, pour le lendemain. Les nuits étaient courtes, dans un climat très différent du nôtre. Nous avons enchaîné neuf jours de chirurgie consécutifs.

Tu es aussi présent sur les réseaux sociaux sur le compte Dr.Anesth&Chill. Quel est l’objectif de ce compte ? À qui s’adresse-t-il ?
À la base, j’ai créé ce compte sans prétention lors de gardes calmes, pour transmettre à qui le voulait, les apprentissages que je faisais par ma propre expérience. L’idée était d’éviter à des néo-pratiquants de ma discipline de vivre les difficultés que je rencontrais en tant qu’interne. Il s’adressait donc à des étudiants en médecine principalement, ou des infirmiers travaillant au bloc ou en réanimation.
Avec le temps, mon activité s’est diversifiée avec mes stages, et depuis j’ai intégré le service de santé et de secours médical des pompiers, pour faire du préhospitalier. Il s’adresse donc à plus de gens, de différents métiers ou spécialités, qui se retrouvent dans la transversalité de la discipline. Je suis aussi suivi par des chirurgiens qui cherchent à comprendre des choses qu’ils opèrent ; c’est de bonne guerre, ils me le rendent bien !

Comment vois-tu ton avenir ?
À long terme, j’aime la diversité de la discipline. Donc j’espère pouvoir conserver la bivalence anesthésie et réanimation. L’activité du CHU est très stimulante pour les premières années d’activité. Je ne sais pas pour la suite. À plus court terme, après des années de cursus universitaire, plusieurs concours, des stages présélectionnés, je ressens le besoin de me challenger. En médecine, nous avons la chance de ne pas avoir d’incertitude sur notre capacité à trouver du travail. Je souhaite ressentir cette incertitude pour élargir mon champ d’activité et me lancer dans de nouveaux projets. Je vous les partagerai lorsqu’ils seront d’actualités avec grand plaisir !

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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