Il fut un temps pas si lointain, encore loin de « l’enfer » de parcoursup, les nouveaux bacheliers avaient la possibilité de s’inscrire directement dans la faculté de leur choix. Parmi ces choix figurait la faculté de pharmacie avec un concours dédié. Les bancs de la « P1 pharma » étaient alors bien souvent remplis et le concours réputé sélectif. Certes, un petit nombre d’étudiants se retrouvaient là à la suite d’un échec au concours de médecine, mais les plus nombreux avaient fait le choix d’une filière d’excellence, la faculté de pharmacie.
Victime de la réforme d’admission
C’est en 2010 qu’une première réforme vient bousculer ce concours historique. La réforme de la Paces (Première année commune aux études de santé), visant à réglementer l’accès aux professions de médecin, dentiste, sage-femme et kinésithérapeute. Une réforme qui n’aura duré que dix ans pour donner en 2020 le PASS (Parcours accès santé spécifique) et la LAS (Licence option accès santé). La première réforme de la Paces avait déjà laissé des traces, et des doyens de pharmacie dénonçaient déjà, en plus de programme de pharmacie allégé et donc une baisse des niveaux des pharmaciens en deuxième année, un véritable désintérêt pour les études de pharmacie.
La PASS/LAS coup de grâce
Deux années après la mise en place de la réforme PASS/LAS, nous observons une véritable désertion de la filière pharmacie lors de la rentrée 2022. 1 100 places sont restées vacantes sur les bancs des 24 universités de pharmacie française. En 2021, lors de la première année de la PASS/LAS, seulement 163 places étaient restées vacantes.
Du jamais vu, la rentrée 2022 a battu les records. Une véritable « catastrophe » pour les professionnels et les enseignants. Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France dénonce le gouvernement qui s’est « focalisé sur la formation des médecins ». Effectivement, les chiffres parlent d’eux-mêmes, et les filières pharmacie et maïeutique sont aujourd’hui en grande tension.
L’union des Syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo) n’est pas en reste et dénonce la réforme ainsi qu’une « mauvaise promotion des métiers de la pharmacie aux lycéens et étudiants ». En rappelant que cela menace entièrement le système de santé. En effet, le pharmacien est un acteur indispensable sur l’ensemble du cycle de vie du médicament.
Renforcer l’attractivité
Les études de pharmacie restent peu connues. Même si le métier de pharmacien d’officine est connu du grand public, les voies d’accès restent obscures, tout comme les nombreux autres rôles du pharmacien, dans les ministères, l’industrie, le marketing ou l’hôpital.
Le pharmacien est un véritable chimiste, spécialiste du médicament. Il est le garant de la sécurité de la fabrication et de la délivrance du médicament en France. C’est un pilier du système de santé. Donc la pénurie à venir suscite de nombreuses inquiétudes. C’est un véritable problème de santé publique qui se profile. Déjà aujourd’hui, la profession de pharmacien d’officine compte 10 000 à 15 000 postes non pourvus. Sans compter les nombreuses nouvelles missions du pharmacien qui l’éloignent un peu plus de son simple métier de conseil et de délivrances. Le manque de professionnels sera le prochain défi à surmonter dans les prochaines années.