logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

De garde, oui, mais de sortie aussi !

partage mail facebook twitter linkedin
Qui a décrété qu’on ne pouvait pas exercer la médecine tout en se distrayant ? Il existe des associations assez confidentielles qui proposent des gardes dans un environnement plutôt cool. Salles de concert, théâtres… pourquoi ne joindriez-vous pas l’utile à l’agréable ?

Assister gratuitement à des concerts ou des pièces de théâtre tout en étant de garde. Le concept vous intéresse ? C’est assez confidentiel, mais cet exercice de « médecin de salle de spectacle » existe depuis bien longtemps à Paris, et aussi dans d’autres grandes villes de province, comme nous l’explique le Dr Jacques Reverberi, secrétaire général del’Association des médecins des salles de spectacle de Paris et de la région parisienne (AMSSPR). « Nous avons en moyenne 700 à 800 médecins inscrits à l’Association. Ils le font parce que le deal est bon pour les deux parties ! Les médecins ont la possibilité de voir des spectacles à un coût nul -et en étant accompagné- et le théâtre a une garantie d’avoir un médecin dans la salle. C’est d’autant plus appréciable que, la plupart du temps, il n’y a plus aucun personnel du théâtre qui reste sur place une fois le rideau levé… » explique le Dr Reverberi. Le spectateur est gagnant lui aussi puisque lorsque son problème relève de la « bobologie » (malaise bénin par exemple), cela lui évite d’avoir à patienter plusieurs heures dans la file d’attente des Urgences….


-  Nombre et type d’interventions

Comme le montre le rapport d’activité 2016, consultable sur le site de l’association, 839 interventions médicales ont été réalisées en 2016, dans 66 salles de spectacle. 63% des interventions ont été faites auprès de spectateurs et 37% auprès des personnels de théâtre et des acteurs. Les interventions auprès des personnels de théâtre sont en augmentation. Quels sont les problèmes médicaux à prendre en charge lors de ces gardes ? « 9 fois sur 10, c’est de la bobologie mais en moyenne, l’Association doit constater un décès par an. Le public qui fréquente les théâtres n’a pas 20 ans en général. Il peut y avoir des chutes, des malaises, des pathologies chroniques qui décompensent (diabète, etc…) Si le problème médical est très sérieux, le médecin sur place va pouvoir assurer les premiers gestes puis appeler le SAMU », explique le Dr Reverberi. Les transferts ne représentent que 8% des patients pris en charge. Les cinq pathologies les plus fréquentes dans les salles sont : les malaises et pertes de connaissance (339 interventions), les traumatismes et plaies suite à des chutes (183), la pathologie générale (132), la pathologie digestive (vomissements, douleurs abdominales : 92 interventions) et les infections (93). Parmi les 339 malaises, 38 ont été jugés sévères ou très sévères (infarctus du myocarde, coma, crise d’asthme, crise d’épilepsie, AVC, coma éthylique, crise d’angoisse, etc…). La présence d’un médecin dans la salle a été décisive dans certains cas, permettant de maintenir le patient en vie en attendant l’arrivée du SAMU. A noter également en 2016 : un accouchement.


-  Les conditions

-  être titulaire du diplôme de docteur en médecine (ou éventuellement d’une licence de remplacement : se renseigner auprès de l’association)
-  il est indispensable d’avoir souscrit une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP) pour adhérer à l’association et de vérifier que son assurance couvre bien ce risque.
-  avoir déjà exercé la médecine générale et/ou la médecine d’urgence

-Le fonctionnement

-  Les médecins choisissent leurs jours de garde sur le site de l’association*. Si un médecin ne peut plus assurer sa garde, il peut l’échanger sur Internet ou lors des réunions organisées par l’association.
-  Le jour J, il faut arriver un quart d’heure avant le début du spectacle et se présenter au responsable de la salle.
-  Le médecin doit avoir une trousse d’urgence avec lui, contenant le matériel d’urgence de première intention (liste sur le site de l’association).
-  Pas question de s’éloigner au moment de l’entracte, il faut rester sur place du début à la fin (rester jusqu’à ce que tous les spectateurs aient quitté la salle).
-  Les interventions
-  Elles ne sont pas rémunérées
-  Le médecin de garde doit assurer assistance à toute personne en danger dans la salle, ou présentant une pathologie aggravée pendant la représentation.
-  Un compte-rendu ou « bulletin d’intervention » doit être rédigé et remis au secrétariat de l’association
-  S’il y a des problèmes médicaux avec le personnel du théâtre, les comédiens ou le public, le médecin intervient directement ; si nécessaire, il donne les informations lui-même au centre 15 et demande un transfert à l’hôpital.

Le témoin Dr Julien Azuar, médecin généraliste, addictologue à l’hôpital Fernand Vidal et urgentiste

« Des concerts et des urgences, j’adore ! »

« J’ai commencé à faire des gardes en salle via l’Association en 2011, avec ma licence de remplacement, puis j’ai eu ma thèse en 2013. J’ai connu ce système par bouche-à-oreille, notamment car ma sœur était déjà membre de l’association. J’allais à beaucoup de concerts et un peu au théâtre, et je voulais faire des urgences, donc ces gardes mêlaient parfaitement les deux ! J’ai fait beaucoup de gardes à l’Elysée-Montmartre, au Trianon, à la Cigale, etc… Dans les concerts de rock ou hip-hop, les principaux problèmes sont des malaises liés à des prises de substance (alcool, cannabis) ou des malaises vagaux. Au théâtre ou à l’Opéra, on est face à un public plus âgé qui a davantage de facteurs de risque et on peut être amené à prendre en charge des tachycardies, des infarctus, des épilepsies, etc…on peut tout avoir ! J’ai dû assurer plus d’une centaine de garde et j’ai raté seulement deux spectacles en intégralité parce que je devais rester avec un patient. La grande majorité des interventions ne dure qu’un quart d’heure, pour un malaise par exemple. C’est gagnant-gagnant : on profite du spectacle, mais à côté, il faut assurer. Si on est trop stressé, on ne profite pas du spectacle. Cela s’adresse donc aux médecins suffisamment expérimentés dans les situations d’urgence. Mais bon, quand je veux être sûr et certain de pouvoir assister à un concert, je n’y vais pas en tant que médecin, j’y vais incognito. »

partage mail facebook twitter linkedin
  • Sophie Cousin
Tags :
  • Top - ne pas manquer
  • liberal_medecine
  • professionnels_medecine
  • loisirs
livreslivrescontactspublicationstwitter