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Comment se repérer dans le maquis des prépas ?

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75% des étudiants en Paces y auraient recours, estime l’ANEMF. Comment sont organisées ces prépas ? Quels sont les services proposés ? Qui sont les profs ? Font-elles le poids face aux tutorats ? Et surtout, quels sont les avis des étudiants qui se sont inscrits ? Remede a mené l’enquête.

Leur coût varierait entre 2 500 et 10 000 euros (tarif repéré à la Réunion) pour l’année, en fonction des organismes et des options choisies. « Juste des cours papier, c’est environ 800 euros, mais ensuite ça augmente très vite avec des services parfois très chers comme les stages de pré-rentrée, parfois obligatoires pour accéder aux colles de l’année et coûtent environ 1500 euros », explique Aurore Trameçon, vice-présidente chargée de la Paces à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Un coût qui pèse très lourd dans le budget total à prévoir pour une année de Paces.

En septembre 2017, une étude de l’Anemf estimait ce coût moyen à 5700 euros, toutes régions confondues. Parmi les frais, ceux de la rentrée sont très élevés. Et ce n’est pas l’achat de matériel, ni l’adhésion au tutorat (entre 30 et 50 euros l’année) qui grève le budget. Ce sont notamment les stages de pré-rentrée en prépa et les frais avancés pour les autres options. « L’inscription à l’une de ces prépas privées représente en moyenne 25 fois le montant des frais d’inscription à l’université à Paris pour les non-boursiers, et 18 fois dans les autres régions », a calculé l’Anemf.

Un « recrutement » dès le lycée
« Lorsque j’étais au lycée (le Loquidy à Nantes), des étudiants-conférenciers du cours Galien sont venus nous présenter la Paces et leur prépa. J’en ai à nouveau entendu parler au Salon de l’Etudiant », raconte Léo, étudiant en deuxième année de médecine à Nantes. « A ce moment-là, je ne connaissais pas l’existence des tutorats et je ne me suis pas posé trop de questions… Je me suis inscrit au cours Galien, en me disant que ce serait une bonne aide. »
Conscients de la nécessité d’apporter de l’information sur les tutorats le plus tôt possible, les responsables se mobilisent. « Nous essayons de devancer les écuries privées dans les lycées. Nous renforçons aussi notre présence aux salons de l’étudiant. Il y a un vrai manque d’information », reconnaît Olivia Barbier, présidente du tutorat à Marseille, ville de France la plus trustée par les prépas médecine. Pas moins d’une trentaine d’écuries y sont en concurrence. « Il y a un noyau dur de prépas bien implantées comme Mediconcours, Supexam, Galien, CLM, et à côté, plein de petites prépas qui ouvrent et ferment et qu’on ne connaît pas forcément. Les étudiants continuent à choisir leur prépa par bouche-à-oreille et vont souvent vers les plus connues », explique Olivia.
Un bon référencement sur Google reste aussi une valeur sûre. « Quand je suis arrivé à Poitiers, je ne connaissais pas trop la ville ni la fac… J’ai cherché une prépa sur Internet. J’en ai trouvé plusieurs et je suis allé voir Cogit’UP en premier. Le contact avec le gérant s’est bien passé et je me suis inscrit », explique de son côté Mikael, en deuxième année à Poitiers.

Des services proposés très variables
Stages de pré-rentrée, poly, cours du soir, khôlles (ou « colles ») classées, concours blancs… « Certaines font cours le matin, d’autres le soir ; certaines ont un esprit très concours, d’autres très familial ; certaines donnent les cours, d’autres pas », explique Olivia Barbier. Il y a en général un pack de base et ensuite on paie plus cher selon les options proposées. « Dans l’imaginaire des gens, plus on paie cher et plus on a accès à une prestation de qualité… Si c’était toujours vrai, ça se saurait ! », souligne-t-elle, agacée.
Certains étudiants s’y retrouvent, heureusement, comme Mikael. « Moi j’étais surtout à la recherche d’un stage de pré-rentrée et ça m’a bien convaincu. J’ai suivi les cours deux mois mais ensuite j’ai arrêté car ça ne correspondait pas à ma méthode de travail. J’ai trouvé ça trop cadré, type lycée », explique-t-il. Finalement, il n’a suivi la prépa qu’au premier semestre et au second, il n’a suivi que les colles. Le rythme proposé par la prépa ne correspond pas nécessairement à celui de l’étudiant. « J’avais tendance à me décaler et à travailler la nuit. Du coup, les cours du samedi matin et juste avant les cours du Tutorat ne me convenaient pas trop… »
De son côté, Léo explique que sa prépa proposait des cours le soir une fois par semaine, des fiches de cours résumées et un concours blanc une fois par semestre, sur la base des cours de la faculté. « Finalement, je n’ai pas bénéficié de tous leurs services. Je suivais le tutorat en parallèle et faire la prépa m’empêchait parfois de suivre pleinement le tutorat », témoigne-t-il.
Par ailleurs, voici quelques autres critères à étudier avant de choisir : locaux, proximité de la fac, horaires des cours, auteurs des QCM, correction physique (ou en vidéo) des QCM, nombre de « filleuls » par tuteur.

Qui chapeaute ces prépas ?
Personne ! « Ces préparations sont totalement en dehors de la connaissance du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation car elles sont privées, ne délivrent pas de diplôme ni de formation au sens plein du terme », nous a-t-on répondu au ministère. « Nous ne sommes pas en mesure de fournir des informations sur ces établissements qui relèvent du droit privé et du droit du commerce. »
Et du côté de la Fédération de l’enseignement privé ? On répond ne pas disposer d’informations sur ces prépas non plus. Aucune suite ne sera donnée à notre demande d’interview.
En résumé, n’importe qui peut ouvrir sa prépa, à un tarif librement fixé, et au regard de prestations pédagogiques qui ne seront pas contrôlées. Même liberté en ce qui concerne la publicité et notamment les taux de réussite affichés.
D’où l’importance de recueillir un maximum d’avis d’étudiants déjà passés par là pour faire le bon choix.
Les cours sont en général donnés par des étudiants de deuxième, troisième ou quatrième année. Pour eux, cela représente un job étudiant assez facile. Et pour les inscrits, un transfert de compétences et d’expérience de la part d’étudiants plus avancés, comme dans le cadre du tutorat.

Des avis mitigés
« J’estime que la prépa m’a beaucoup apporté, surtout le stage de pré-rentrée.
On reçoit un enseignement assez dense fin aout, ce qui nous permet de prendre un peu d’avance sur les premiers cours »
, indique Mikael. « Les colles, c’est bien aussi pour voir ce que les profs attendent de nous pour le concours », ajoute-t-il. Au début, l’étudiant de Poitiers a beaucoup tâtonné pour trouver sa méthode de travail. « J’ai même retapé tous mes cours ! C’était une perte de temps monstrueuse. Après je travaillais avec les cours de la fac, les poly’Tut, et les cours de la prépa. Déjà, quand on connait les poly’Tut par cœur, c’est une très bonne base », estime-t-il.
Léo, qui a suivi les deux en parallèle, a un avis intéressant : « L’avantage du tutorat, c’est un accompagnement plus personnel des étudiants, alors que la prépa se concentre plus sur la théorie. Je conseille d’aller chercher de l’information partout et de ne pas écouter une seule structure. Je ne déconseille pas la prépa à tout le monde : certaines personnes ont besoin d’avoir un entraînement en plus du tutorat. Mais mon expérience personnelle, c’est que le tutorat suffit amplement à la réussite des étudiants. »
Olivia Barbier, maintenant en troisième année et présidente du tutorat de Marseille, a un avis plus tranché. « J’ai suivi une prépa pour ma première Paces, mais pour la seconde, j’ai basculé complètement vers le tutorat. La prépa me prenait trop de temps, ce n’était pas adapté à mon rythme, je n’aimais pas l’ambiance. Et c’était trop cher pour mes parents. »

Moins de prépas = une autre sociologie du corps médical ?
« A Tours, je pense que la pression des prépas diminue et que le tutorat gagne du terrain depuis quelques années. Preuve de ce retournement de situation : les enseignants de la fac de médecine, notamment les plus jeunes, choisissent plutôt le tutorat que les prépas privées, y compris pour leurs propres enfants ! », indique le Pr Patrice Diot, doyen de la faculté de médecine de Tours et ancien président de la conférence des doyens.
Un pas dans la bonne direction pour cet ardent défenseur d’un élargissement d’accès à la Paces. « Je suis très attentif à cette question de l’équité et de la diversité sociale. A Tours, nous avons un dispositif "Ambition Paces" qui a pour but d’apporter aux lycéens de la région des compétences indispensables pour les études de santé : prise de note rapide, capacités de concentration, gestion du stress, etc. », ajoute le doyen. Objectif : sortir du « moule » Bac S mention bien, catégorie socio-professionnelle++ qui caractérise en majorité les étudiants reçus en Paces. Une sélection ensuite renforcée par le « péage » que constituent les prépas. Et qui alimente, selon lui, à plus long terme, nos problèmes de démographie médicale. « Cette reproduction sociale aboutit, de génération en génération, à diplômer des médecins très peu représentatifs de la sociologie de nos territoires ruraux. Forcément, à terme, cela donne des médecins qui ne s’installent pas de manière durable dans nos territoires », analyse-t-il.

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  • Sophie Cousin
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