logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

Alexis : « ne pas s’enfermer dans les clichés que l’on se construit quand on est externe »

partage mail facebook twitter linkedin
Alexis, après un classement dans le top 500 aux ECNi 2019, est maintenant interne en gériatrie. Une spécialité qui ne bénéficie que depuis très récemment d’un DES spécifique. Il explique à remede.org son choix.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai un parcours classique pour un étudiant en médecine. J’ai passé un bac S en 2013, puis j’ai eu la chance de réussir la Paces en un an. Pendant ma deuxième et troisième année de médecine, j’ai décidé de passer un double cursus pour valider ma première année de master en biologie-santé. À Angers ils nous incitent beaucoup à faire ce double cursus. Pour finir, j’ai passé les ECNI en 2019 et j’ai choisi de rester en gériatrie à Angers pour mon internat. Je connaissais un peu le service et la gériatrie à Angers est très active sur le plan de la recherche et de l’enseignement.

Pourquoi as-tu choisi de faire médecine ?

Je suis arrivé en médecine un peu par hasard. En terminale après des grandes réflexions sur mon avenir j’ai envisagé de nombreuses carrières comme pompier, infirmier, assistant social et même conseiller matrimonial… Au final j’ai décidé de me lancer dans les études de kinésithérapie. À l’époque pour rentrer dans les écoles de kiné il y avait deux moyens : soit passer des concours dans toute la France pour essayer d’accrocher une place dans une école, soit faire la Paces. J’ai essayé de passer les concours d’entrée en école de kiné, mais le niveau était vraiment trop élevé. Il y avait des QCMs négatifs et surtout je passais le concours face à des étudiants qui sortait d’années préparatoires, ce fut logiquement un échec.

Je me suis donc rabattu sur le passage de la Paces pour passer en première année de kiné. Au bout de quelques semaines, j’ai décidé de changer de voie pour passer le concours de médecine, car je trouvais qu’il y avait beaucoup plus de choix et d’horizons à découvrir en médecine.

Comment se sont passées tes études en médecine ? Quels sont ton pire et ton meilleur souvenir ?

La deuxième année a été peu studieuse. J’allais peu en cours ou j’y allais dans un état peu recommandable. J’ai été aux rattrapages cette année-là, ça m’a vraiment mis la pression. Le début des stages a été un peu compliqué aussi, avec l’hôpital, ses codes et ses règles. J’ai découvert le contact avec les patients qui est souvent très intimiste. Les premières fois, c’est assez effrayant de devoir déshabiller un patient pour l’examiner, de lui poser des questions intimes. Mes stages en tant qu’externe m’ont laissé beaucoup de bons souvenirs, surtout en D3/D4 où j’étais vraiment à l’aise avec mes connaissances et les patients.

Mon pire souvenir était en stage de médecine légale et je m’étais proposé pour faire ce que l’on appelle « les levées de corps » hors des horaires de stage. La levée de corps c’est quand le médecin légiste vient constater la mort d’une personne à l’endroit où elle a été trouvée. Malheureusement pour moi ce soir-là on a dû aller examiner et constater la mort d’une personne qui avait été retrouvée pendue dans les bois en pleine campagne et en pleine nuit. Je vous laisse imaginer le côté glauque de la sortie. Après la levée de corps, j’ai été extrêmement choqué, j’ai dû prendre une semaine de vacances et j’en ai beaucoup parlé avec ma copine pour en quelque sorte exorciser le souvenir de cette sortie.

Mon meilleur souvenir est le jour de mon vrai premier diagnostic. J’étais en stage en maladie infectieuse, c’était une patiente qui venait pour des céphalées/cervicalgies fébriles aux urgences. Aux urgences ils ne retrouvent rien dans le liquide céphalorachidien, ils éliminent donc la méningite et elle n’a pas d’autre point d’appel infectieux. Mon stage précédent était en rhumatologie où on nous apprend que toutes les fièvres ne sont pas infectieuses. Alors je me mets en tête de trouver une étiologie non infectieuse à la fièvre. J’interroge ma patiente qui me dit avoir des antécédents de chondrocalcinose et là je pense à une atteinte de chondrocalcinose qu’on appelle une « dent couronnée » : c’est une calcification du ligament transverse de l’atlas. J’examine la patiente, elle est totalement bloquée du cou, elle ne peut pas bouger, mais n’a rien d’autre à part cela. Je regarde le scanner qui avait été fait aux urgences devant une suspicion d’encéphalite et je vois la dent couronnée au niveau de C1...

Comment as-tu vécu les ECNi ?
C’est une année vraiment difficile. J’ai beaucoup travaillé dans mon appartement et je m’entrainais à faire des QCMs/DP avec ma copine. Les stages étaient un vrai soulagement aussi. J’ai pris des stages assez cliniques comme la réanimation, la gériatrie ou l’endocrinologie. J’aurais trouvé dommage de ne pas profiter des connaissances que nous apportent les révisions intensives.

Quand as-tu fait le choix de la spécialité gériatrie ? As-tu hésité avec d’autres spécialités ?
En milieu de D3, j’hésitais entre rhumatologie et gériatrie. Je suis finalement passé en stage en gériatrie lors de la D4 et ça a précipité mon choix vers cette spécialité.

Pourquoi souhaites-tu devenir gériatre ?

Je ne voulais pas faire une spécialité d’organes pour pouvoir être diversifié et polyvalent dans les pathologies que je traite. Chez les personnes âgées, il y a souvent des pathologies en cascade et qui s’intriquent entre elles, ce qui rend la prise en charge de ces personnes complexes et stimulantes sur le plan intellectuel. De plus je me pose beaucoup de questions autour du vieillissement et j’espère qu’être gériatre pourra en partie répondre à celles-ci. Il y a également le côté multidisciplinaire avec les diététiciens, les infirmiers, les aides-soignants, les kinés, les neuropsychologues, les ergothérapeutes. Ce qui est vraiment très intéressant. C’est une dimension qui est essentielle à la gériatrie où tous les corps de métier ont quelque chose à apporter pour améliorer la prise en charge de la personne âgée.

Quelles ont été les réactions de ton entourage devant ton classement et ton choix de spécialité ?
J’avais déjà préparé mon entourage à la possibilité que je fasse gériatrie donc quand est venue l’heure du choix, ce ne fut pas une surprise. En fait il y a surtout un manque de compréhension sur ce qu’est un gériatre et sur ce qu’il fait réellement. Paradoxalement ce sont certaines personnes en médecine qui m’ont fait les remarques du style : « Mais avec ton classement, tu pourrais choisir une autre spécialité plus intéressante ».

Est-ce une bonne chose d’après toi d’avoir fait un DES de gériatrie ?

Oui, à Angers l’équipe est très accueillante et bienveillante. Dans des études qui peuvent être dures, c’est vraiment un plus non négligeable.

Peux-tu nous rappeler la maquette de gériatrie ?

C’est un internat en quatre ans. À Angers, il y a une phase socle avec un stage d’urgence et un stage de gériatrie au CHU. La phase d’approfondissement qui correspond à la deuxième et troisième année avec 2 stages libres (rhumatologie, neurologie voire même réanimation ou maladie infectieuse), un stage en soins de suite et de réadaptation et un stage en gériatrie périphérique. Et la quatrième et dernière année, c’est un stage en gériatrie au CHU et un stage libre.

Comment se sont passés tes premiers pas en tant qu’interne ?
Je suis en stage de gériatrie au CHU d’Angers et j’ai eu du mal au début comme tous les nouveaux internes, mais les chefs de clinique sont très présents pour nous aider dans le service.

Aurais-tu un conseil à donner aux futurs internes pour choisir leur spécialité ?
Il faut se renseigner sur les différentes spécialités qui vous plaisent, en parler à des médecins qui les pratiquent. Il faut se demander comment on se voit pratiquer son métier plus tard. Et le dernier conseil que je donnerais pour quelqu’un qui n’arrive pas à atteindre ses objectifs c’est de ne pas s’enfermer dans les clichés que l’on se construit quand on est externe. Il y a beaucoup de voies à explorer que l’on n’envisage pas du tout quand on est étudiant, la gériatrie en est le bon exemple.

partage mail facebook twitter linkedin
  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
Tags :
  • Top - ne pas manquer
  • ecn_medecine
  • internat_medecine
  • professionnels_medecine
livreslivrescontactspublicationstwitter