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Alexis Maillard, major des ECN : L’omnipresence des ECN rend l’externat indigeste

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Alexis Maillard s’est élevé au-dessus de la mêlée en devenant le major de ces ECNi 2018. Cette année, 8 706 étudiants en 6e année de médecine ont participé à ces examens. Alexis a accepté de répondre à nos questions pour les lecteurs de remede.org.

Pourquoi avoir choisi médecine après le bac ?
Un peu au hasard initialement. Mon grand-père était radiologue, et j’avais déjà eu l’occasion de passer au bloc en tant qu’observateur et j’avais beaucoup aimé. Je suis rentré avec cette idée un peu floue de devenir chirurgien. Autant dire que j’ai vite changé d’idée ! C’est ensuite, au cours de mes études, que je me suis réellement passionné pour la médecine, discipline alliant de grandes qualités relationnelles et scientifiques.

Quel est le profil du major des ECN ? Comment s’est déroulée ta scolarité ?

J’ai toujours eu des classements très honorables, j’ai obtenu un bac S avec félicitations du jury, puis j’ai été major de promo en Paces à Grenoble. J’ai eu de bons classements dans mes études de médecine par la suite.

Peux-tu nous expliquer ton parcours ?

J’ai fait mes trois premières années de médecine à Grenoble que j’ai beaucoup aimées, avec de très bons profs et une fac très dynamique. J’ai débuté un parcours médecine-science en seconde année (P2) et poursuivi en troisième année (D1) en validant des cours de M1 de neurosciences, que j’ai organisés moi-même, car ma faculté ne disposait pas de son propre double cursus. Cela m’a permis d’intégrer un master 2 de neurosciences à l’ENS durant une année de césure entre la 3e et 4e année de médecine. J’ai vraiment adoré cette année et elle a été déterminante dans ma volonté de devenir clinicien-chercheur. Ces filières médecines-sciences (telles que l’École de l’Inserm, l’Ens, les cursus médecine-science organisés par certaines facultés) sont probablement encore trop méconnues et représentent, à mon sens, une formidable opportunité de s’intéresser à la recherche et même plus largement, pour tout médecin, d’acquérir une culture scientifique, que j’imagine profitable à l’air de l’Evidence Based Medicine. J’ai ensuite rejoint l’université Paris-Descartes, où j’ai réalisé mon externat.

On parle beaucoup de réformes des études de médecine ? Comment as-tu vécu tes études ? Ta 6e année ? Quelles seraient les choses à améliorer selon toi dans les études médicales en France ?

Si j’ai bien aimé les 3 premières années de médecine (mis à part la Paces), j’ai eu plus de mal avec l’externat. C’est une période assez exaltante, mais qui est surtout, à mon sens, très dure et ingrate. Et je pense que la première des choses qui rend l’externat indigeste est l’omniprésence des ECN. À partir de la 4e année, tout est orienté vers ce seul et unique but au détriment de l’investissement en stage et même, plus généralement, d’un apprentissage de notre futur métier. L’investissement à l’hôpital auprès des patients, le cœur de notre métier, n’apportant pas de points pour l’ECN, il en devient contre-productif : il vaut mieux s’isoler le plus tôt possible à la BU ou chez soi pour apprendre les interminables pages de nos référentiels. C’est absurde ! Sans compter la qualité de vie des externes qui travaillent du matin jusqu’au soir pendant trois ans au détriment de la vie sociale normale d’un étudiant.
Et enfin, et surtout, il faut se rendre compte de la violence glaçante de l’ECN : le but de cet examen est tout simplement, sur 2 jours et demi d’épreuve, de vous attribuer un chiffre. Ce chiffre va résumer, froidement et sans nuance, tout votre travail, et donc quasiment toute votre vie, sur trois ans. Et bien sûr vous êtes identifié à ce chiffre, vous allez être jugé pendant des années à l’aune de ce chiffre, pour le choix de la spécialité, mais aussi par vos externes, vos cointernes, vos chefs, etc. Pour un petit nombre (dont je fais partie) ce sera positif, mais pour le plus grand nombre, qui ont pourtant travaillé comme des forcenés, quelle injustice !
Je vois donc avec beaucoup d’espoir la réforme de l’externat proposée par Quentin Hennion-Imbault et le Pr Jean-Luc Dubois-Randé qui me semble un progrès majeur et qui devrait permettre une amélioration de la formation, une meilleure qualité de vie pour les étudiants et un système finalement moins injuste.

Quelle était ta méthode de travail ? Fiche ? Collège ? Quelle place accordais-tu aux stages cliniques ?

J’ai travaillé depuis le début de l’externat en binôme avec ma copine, nous avons fiché chaque item à partir d’un maximum de collèges et n’avons par la suite travaillé que là-dessus. Faire les fiches sur informatique nous a permis de les modifier en fonction de l’évolution des recommandations et des nouveaux collèges. Je me suis mis à travailler dès le début de la D2 (4e année) de façon régulière. La D3 (5e année) a été celle qui a pour moi été la plus difficile avec les conférences qui se terminaient à 23 h plusieurs fois par semaine, les stages prenants et beaucoup de nouvelles connaissances à ingurgiter tout en essayant de maintenir les anciennes. La D4 (6e année) a paradoxalement été l’année la moins intense de mon externat. Au final je pense que l’important n’est pas tant la quantité brute de travail que la régularité et la constance. Par ailleurs, j’ai toujours essayé de m’investir en stage notamment en 4e et 5e année. En D4 j’ai pris des stages peut-être un peu moins prenants bien que j’aie un peu moins travaillé.

Quelles ont été ta réaction et celle de ton entourage suite à la publication des résultats ?

J’ai été un peu surpris, mais très heureux évidemment. Bien qu’il y ait une part importante de chance, j’avais toute de même beaucoup travaillé et je n’ai, bien entendu, pas boudé mon plaisir ! Mon entourage, ma famille et mes amis, a été très heureux pour moi. Pour l’anecdote, j’ai appris mon classement, car ma mère folle de joie l’avait publié sur Facebook !

Tu hésites entre plusieurs spécialités ? Lesquelles envisages-tu et lesquelles as-tu rapidement éliminées [si c’est le cas] ?

J’ai commencé par m’intéresser à la chirurgie, mais après le début de l’externat je me suis rapidement dit que ce n’était pas pour moi. J’aimerais beaucoup avoir une double casquette de clinicien-chercheur et j’hésite essentiellement entre trois spécialités très différentes : pédiatrie, psychiatrie et maladies infectieuses. Toutes trois ont un contenu clinique que je trouve très vaste et intéressant et offrent de nombreuses potentialités de recherche au contenu passionnant. L’objectif de mon été est d’arriver à mûrir mon choix et à trancher.

Quel est ton programme pour les vacances ?

Je prends en ce moment des vacances avec des amis dans le sud de la France puis je vais partir en stage de radiologie au Maroc, car je n’avais pas eu l’occasion d’y passer pendant mon externat. Le reste n’est pas encore prévu, mais, je vous rassure, je vais bien m’occuper !

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  • Idris Amrouche
  • Rédacteur remede.org
  • amrouche.idris@gmail.com
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