logo remede logo remede
La 1ère Communauté Médicale
médecine - pharmacie - odontologie - maïeutique
M'identifier
Mot de passe oublié ?
Je me connecte

Vous n'êtes pas inscrit à l'annuaire des membres ? Inscrivez-vous

  • France
  • Niveau supérieur
  • > Médecine
  • Niveau supérieur
  • > RENNES
  • Niveau supérieur
  • > Médecin généraliste
  • Niveau supérieur
  • > B. Boutillier
  • Niveau supérieur
certification
photo du membre
Bertrand Boutillier - Médecin généraliste remplaçant - RENNES
Ce membre peut peut-être vous remplacer professionnellement ?

Sur les forums : Bertrand B.
° Jeu. °
29
Oct. 15
J’avoue être de plus en plus étonné de ce qui ressort de mon billet sur cette histoire de TV/TR.
Cette histoire de consentement global en particulier.
Pour beaucoup il semble vécu comme une aberration, comme une folie. Et pourtant.
Pourtant comme M Jourdain, tous les jours vous accordez un consentement global en rentrant dans un hôpital, sans le savoir.
Prenons un exemple.
Votre cœur est au bout du rouleau, vous allez être opéré pour un pontage coronarien. Vous passerez au bloc, en réanimation, puis en cardio probablement et enfin en service de soins de suite pour votre rééducation.
Avant tout cela qui aurez-vous rencontré ? Le chirurgien cardiaque. Tout va bien, vous l’avez choisi, l’entente est mutuelle, il vous a expliqué les choses.
Et après ? Qui sera avec lui dans le bloc opératoire ? Un anesthésiste, un IADE (infirmier anesthésiste), un IBODE (infirmier aide op), des aides-soignants. La liste est longue, très longue. Tous sans exception vous toucheront, en présence comme en l’absence du chirurgien. Certains auront même mis la main dans vos entrailles, votre thorax grand ouvert. D’autres vous auront sondé au niveau urinaire, auront épongé votre sang.
Ces gens-là, à aucun d’entre eux vous n’aurez donné de consentement clair et précis. Vous ne les connaitrez surement jamais, ni de nom ni de visage. Là dedans il y aura aussi possiblement un étudiant par corps de métier. Probablement même qu’un interne vous aura recousu en fin d’intervention alors que le chef, votre chirurgien, était déjà passé à autre chose.
De tout cela personne ne s’offusque, personne ne s’indigne.
En adoptant votre chirurgien dans ce CHU, vous avez adopté son équipe, dont un bon nombre de gens qui n’ont pas encore le diplôme officiel.

Poussons plus loin. Votre consentement vous l’avez aussi accordé au pharmacien de l’hôpital, au médecin de l’ESF (transfusion sanguine). Certes, ces gens là, ne vous toucheront à aucun moment. Mais ils auront participé à faire des choses 1000 fois plus dangereuses sur votre corps.
Vous n’en avez pas conscience, mais leurs erreurs respectives auraient été bien plus dévastatrices qu’un geste d’un étudiant participant à la chaine des soins pour son apprentissage. Il faut savoir changer d’échelle, de point de vue.

Bref, ce consentement global existe, il est parfaitement indéniable. En choisissant un chirurgien, vous consentez à ce que son équipe, à ce que les équipes qui gravitent autour de vous agissent et puissent agir pour votre bien. Mon propos est de dire que ce consentement global devrait en CHU inclure la présence d’étudiants, car le CHU existe pour cela. Je ne dis pas 10 étudiants, je ne dis pas 1 étudiant. Le nombre, les gestes qu’ils pourront effectuer est matière de respect. Le respect est pour moi le second mot clé de cette histoire. Il peut y avoir consentement sans respect comme la situation réciproque. La présence d’étudiant doit se faire dans le respect du patient, de sa forme du moment. Comme toute intervention d’un soignant doit tenir compte de cela. Tout soin doit être mesuré, tolérable, respectueux. Il en va de même pour les gestes de formations fait par l’étudiant.
Là dessus rien n’est mesurable et il y a d’ailleurs à se réjouir qu’aucun administratif ou énarque ne se soit jamais emparé de cette question pour vouloir y apporter une réponse codifiée.

Après avoir écrit cela, j’ai bien conscience d’avoir tout dit et rien dit.

Je pense surtout que ce débat cristallise bien des maux de la société et est révélateur de la façon dont elle évolue. Que le grand public ne se rende pas compte que cette question de la place d’un étudiant dans un CHU et sa légitimité à se former est un problème de santé publique majeur ne me choque pas vraiment. Tous les sujets qui tournent un tant soit peu autour de l’entrejambe partent rapidement en vrille et réveille les machistes, les féministes, les tabous religieux ou culturels, j’en passe et des meilleurs. Au final tout se crispe de plus en plus, les positions s’extrémisent. Et ne parlons pas de l’évolution des standards qu’on nous impose : la vie idéale est photoshopée, aseptisée. Tout doit être beau, normalisé, signé, consenti, prouvable. On oublie que la vie pue, coule, saigne, fait mal, que tout est approximatif et incertain. On semble aussi parfois incapable d’imaginer qu’un médecin regarde une vulve ou un anus, comme toute autre partie du corps, sans que ne lui traverse une seule seconde la moindre idée décalée par rapport au job qu’il est en train d’effectuer. Qu’on remplace dans tous les articles de presse, tous les rapports, les termes TV et TR par TN : toucher nasal. Les injures auraient-elles été aussi fortes ? Combien sont montés aux créneaux en raison de leurs propres gènes, leur propre inconfort sur le sujet. Combien ont brandi le mot viol ?
Le débat n’est pas pour moi de satisfaire et de répondre à tous les cas particuliers, de brosser dans le sens du poil une population qui évolue dans la société que j’ai dessinée. Non, c’est tout l’inverse. On parle ici d’intérêt général, d’enjeu de santé publique : celui d’avoir des étudiants, futurs médecins, sages femmes, infirmiers … bien formés.
La réponse à cet enjeu n’est pas pour moi dans la radicalisation, dans la surenchère législative et règlementaire inefficace, dans le jusquauboutimse du consentement et de l’individualisme nombriliste. Dans tous les domaines toutes ces solutions n’ont jamais empêché les déviants de dévier, les hommes en position de force d’en profiter.
Le vrai mot j’y reviens c’est le respect. Bien plus qu’un article du code de santé publique, c’est ce mot-là que doivent apprendre les étudiants. À vous de les laisser au moins l’occasion de pouvoir vous en manifester.
Vous devez être inscrit et identifié pour poster un commentaire
livreslivrescontactspublicationstwitter