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Nov. 10

Comment la sécu traite les médecins : à propos de 2 cas.

Publié le 25/11/10 10:26 - Modifié le 25/11/10 15:07
Tags associés : Médecine
Ou comment la médecine hospitalière ou libérale sera de plus en plus maltraitée par l'administration.
Les deux cas que je vais vous relater sont véridiques. Ils ont pour but de vous montrer quelle sera la médecine des années à venir, bien loin de celle fantasmée par les étudiants. Le premier cas concerne la médecine libérale, le second la médecine hospitalière.

La première situation, c'est celle d'une consœur que j'ai remplacé il y a quelques années maintenant. Un beau jour, un courrier tombe sur son bureau. Il vient du médecin inspecteur de la sécurité sociale, je vous le résume en mots simples : "Chère consœur, vous prescrivez trop de soins de kiné. Vous êtes convoquée telle heure telle date pour que nous fassions le point". Les statistiques ont parlé. Et voilà ma consoeur, pas tombée de la dernière pluie, une femme expérimentée qui bosse sans compter ses heures depuis de nombreuses années, convoquée comme une délinquante.
Elle ressortira de cette entretien comme une condamnée : prescription de kiné interdite, pour 3 mois de mise à l'épreuve, sans accord préalable du médecin de la sécu. Vous avez bien lu : avant de faire une ordonnance de kiné, il lui a été nécessaire de faire un courrier ou de passer un coup de fil ...
Et pourtant, je peux témoigner pour l'avoir remplacée à très nombreuses reprises : aucune des prescriptions n'était fantaisiste et chacune pouvait probablement se défendre sans mal. Mais non, de tout ça on se moque. L'important c'est la statistique.

Second cas. Il nous a été raconté par des amis il y a quelques semaines. Ce collègue bosse dans un gros centre hospitalier dans le nord de la France. Dans son service il y a un hôpital de jour qui a récemment subi "une décente" : le médecin inspecteur se pointe et prend une pile de dossiers de patients suivis là. Objectif : combien de patients relèvent véritablement d'un suivis en hôpital de jour. Sa conclusion : 1/20. Le médecin responsable de l'hôpital de jour argumente : chacun des 19 patients recalés relève d'une situation dont les recommandations des sociétés savantes de la spécialité indiquent la nécessité d'un suivi en hôpital de jour. Réponse de l'inspecteur de la sécu : peut être, mais les recommandations des sociétés savantes ne sont pas forcément celles de la sécu quand il y a des alternatives possibles. Tout est dit.

Voilà, vous avez bien lu. Rappelons que le médecin moderne a comme contrat vis à vis de ses patients une obligation de moyens (et pas une obligation de réussite, rappelons le). Il doit tout mettre en œuvre pour améliorer le sort des personnes qui le consultent. A l'inverse, la sécurité sociale nous presse, comme ces 2 cas le montrent, afin que nous n'utilisions pas ces moyens. Il faudra donc bientôt choisir quels risques nous prenons :
- celui d'engager tous les moyens de soins pour le patient au risque de se faire tomber dessus par la sécu
- celui de réduire les moyens et de risquer de voir le patient, avec l'aide de la justice, se retourner en cas de problème contre nous (situation indéfendable car les moyens n'auront pas été mis et les recommandations pas respectées).
Ni la justice ni la sécu ne vous feront de cadeau.

Voilà donc un des aspects de la médecine des prochaines années. Malheureusement, beaucoup d'autres vont dans le même sens, tout autant en libéral qu'en hospitalier.
Amis de L1, amis étudiants, il est toujours temps de choisir votre voie ... et pour les plus avancés, il n'est peut être pas trop tard pour postuler à la sécu ...


PS : et aujourd'hui encore ils vont se demander pourquoi on ne veut pas s'installer ... Quelle bonne blague ! Au moins à l'hôpital tu partages ce genre d'humiliation de la sécu ou de ton administration avec tes collègues ...
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